lundi 24 janvier 2005, 13h28 Les dentistes veulent instaurer des listes d’attentes pour les bénéficiaires de la CMU

PARIS (AFP) - La confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) appelle ses adhérents à inscrire les bénéficiaires de la CMU sur des listes d’attentes pour les soins prothétiques et orthodontiques, voire, ultérieurement, à "ne les prendre en charge que pour les soins d’urgence". Cette décision, dont fait état lundi le journal Le Parisien, a été prise le 18 décembre par l’Assemblée générale de la CNSD : exposée dans le numéro de janvier du Chirurgien-dentiste de France, elle a pour but affirmé d’obtenir des "négociations" sur les revenus des dentistes.

Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand, ont écrit lundi au président de la confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), lui demandant de "suspendre" son appel à "créer des listes d’attente" pour les bénéficiaires de la CMU, a indiqué le ministère de la Santé. Le ministre de la Santé et le secrétaire d’Etat à l’Assurance maladie, "estiment inacceptable l’initiative de la CNSD de demander à ses adhérents de créer des listes d’attente aux bénéficiaires de la CMU et de reporter la réalisation des soins de prothèses et d’orthodontie les concernant", a indiqué le ministère dans un communiqué lu à l’AFP.

"Cette pratique est contraire aux règles déontologiques des professions médicales et porte atteinte à l’égalité d’accès aux soins pour tous les Français", ajoutent les ministres qui ont ainsi "immédiatement écrit au président de la CNSD pour lui demander de suspendre ce mot d’ordre".

"Ils ont par ailleurs saisi le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam, ndlr) et le président de l’Ordre des dentistes pour leur demander d’engager toute mesure nécessaire pour faire respecter l’égalité d’accès aux soins, principe essentiel de notre système de santé solidaire", ajoute le communiqué.

Dans un article intitulé "CMU-C (couverture maladie universelle-complémentaire, ndlr) 5e anniversaire", la CNSD "demande" à ses 15.000 adhérents de "créer une liste d’attente en reportant la réalisation des actes prothétiques et orthodontiques sur vos patients bénéficiaires de la CMU-C".

"Dans un deuxième temps, nous restreindrons le champs de nos soins CMU-C aux seules urgences", affirme-t-elle, ajoutant : "En l’absence de réponse des pouvoirs publics et des caisses d’assurance maladie, nous seront contraints de refuser tout soin dans le cadre de la CMU-C".

"Nous demandons - en vain - des négociations sur ce sujet depuis plusieurs années. Malheureusement sur des sujets aussi difficiles, quand vous avez épuisé toutes les demandes de négociations, nous en arrivons à cette situation", a expliqué à l’AFP le président de la CNSD Jean-Claude Michel.

"Aujourd’hui, il y a des régions de fortes densités de bénéficiaires de la CMU où les dentistes n’arrivent pas à payer leurs charges et où l’exercice n’est pas viable, générant une désertification professionnelle importante", a-t-il expliqué.

Dans d’autres zones au contraire, les cabinets sont prospères et "il s’est instauré une chirurgie dentaire à deux vitesses" depuis l’entrée en vigueur, il y a cinq ans de la CMU-C, déplore la CNSD.

En outre, celle-ci fait valoir que les tarifs de prothèse et d’orthodontie pour les patients les plus démunis ont été "imposés à la profession, sont sous-évalués, inadaptés et n’ont pas été revalorisés".

"On s’en prend à personne", s’est justifié M. Michel. "Les plus démunis continueront d’être soignés. Un chirurgien est un citoyen responsable : quand il a quelqu’un en face de lui, il ne lui rejette pas la faute", a souligné le président de la CNSD, admettant qu’"il y a des mots d’ordre difficiles à respecter" et que "malheureusement c’est encore l’usager qui va trinquer".