Quand nous disparaitrons…

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Vous ne vous êtes jamais demandé ce qui arriverait si l’humanité disparaissait, là, tout de suite ?
Combien de temps faudrai-il à la végétation pour recouvrir nos autoroutes laissées à l’abandon, combien de temps pour que nos villes redeviennent des forêts à la végétation luxuriante ?
Combien de temps pour effacer les traces de notre existence ?
Que deviendront les centrales nucléaires ? les Ponts ? les barrages ? les millions d’immeubles qui criblent la planète.
Ils s’écrouleront soyez en assurés, mais au bout de combien d’années ?
Les effets combinés de l’humidité, du vent, de l’eau, de la chaleur sans oublier l’activité biologique feront leur office pour effacer de la surface jusqu’au souvenir de notre passage sur cette planète.
Si ces questions vous fascinent comme elles me fascinent, alors vous pouvez lire le dernier livre d’Alan Weisman.

Voici un lien intéressant sur le sujet :
Lien 1

Terre sans hommes
(Le Monde du 15/05/07)

Et si le pire arrivait. Et si, par le biais d’un virus mutant, d’une stérilisation subite ou d’un terrible
deus ex machina, l’humanité était balayée de la surface de la Terre, qu’adviendrait-il de la planète ? En consacrant un livre à cette hypothèse, le
journaliste américain Alan Weisman ne fait pas que se prêter à un divertissant éxercice d’écologie-fiction. Soustraire l’homme de la Terre revient à calculer son empreinte, la domestication presque totale des êtres vivants, des matières
et des espaces qu’il a menées depuis des millénaires. Contrôle qui s’est accéléré avec la généralisation de l’industrie, le règne de la chimie et l’explosion démographique. Au point qu’Homo
sapiens a non seulement soumis le sol, le sous-sol et les océans à ses besoins croissants mais aussi modifié l’atmosphère et ébranlé la machine climat.
Dans son enquête, Alan Weisman a donc, comme il l’écrit, dû « envisager la myriade de charges qui pèsent actuellement sur la Terre en imaginant que nous n’existons plus ». Ce qui l’a conduit à demander aux ingénieurs qui maintiennent
les infrastructures les plus complexes – centrales nucléaires, complexes pétrochimiques, réseaux divers de nos villes – combien de temps leurs
« bébés » tiendraient sans intervention humaine. Et à partir en reportage dans ces rares territoires où la nature a repris ses droits parce que la civilisation a été contrainte de s’en retirer : Tchernobyl, la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées ou la station balnéaire chypriote
de Varosha abandonnée lors du conflit de 1974.
Que serait donc la Terre sans hommes ?
Deux jours après notre disparition, faute de surveillance, le métro de New York serait inondé. Il ne faudrait pas non plus longtemps pour que les
centrales nucléaires, même mises à l’arrêt, connaissent de graves problèmes et émettent de la radioactivité dans l’air.
Au bout de quelques hivers, en l’absence de chauffage, toutes les canalisations des villes des régions tempérées ou froides exploseraient. Les joints des immeubles céderaient et nos constructions les plus récentes commenceraient à s’écrouler.
Barrages et canaux, engorgés de vase, déborderaient. Les villes bâties sur des deltas deviendraient sous-marines en quelques décennies ou quelques siècles.
La végétation envahirait progressivement l’asphalte, les maisons, les banlieues puis les centres des mégapoles.
Tout cela ne prendrait que quelques centaines d’années. Malgré cela, l’empreinte de l’homme serait encore très sensible dans l’environnement. Les métaux lourds comme le plomb, le mercure
ou le cadmium mettraient des millénaires, voire des dizaines de milliers d’années, à être évacués du sol. Quant à la concentration de gaz carbonique
dans l’atmosphère, elle ne retrouverait des niveaux préhumains que dans au moins 100 000 ans.
Mais c’est vers un horizon bien plus lointain qu’il faudra tendre pour que disparaissent des produits issus de la chimie, comme les PCB, les dioxines ou
bien la substance-reine de notre société du tout-jetable : le plastique. Produit dans des quantités phénoménales, il est tout bonnement indestructible. Ce qui lui a permis d’envahir les océans, où il tue et tuera longtemps nombre d’animaux.
L’évolution finira peut-être par créer des micro-organismes capables de le dégrader. Sinon, il faudra attendre que les processus géologiques refaçonnent la surface de la Terre pour qu’en
soient gommés les derniers morceaux de poupées Barbie.
Et si le pire arrivait ? L’empreinte de l’homme s’estomperait jusqu’à ne plus subsister qu’à l’état de traces. Tout comme s’effaceraient les menaces qui pèsent sur la biodiversité. La lecture du livre d’Alan Weisman incite parfois à penser que le pire aurait, pour la planète, la couleur du meilleur…

Pierre Barthélémy

Voici un extrait du livre :

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Chapitre 3 : Les villes, sans l’Homme ou l’avenir de New York si nous venions à disparaître.

Les villes, sans l’homme

L’idée que la nature puisse un jour ne faire qu’une bouchée d’une entité aussi colossale et concrète qu’une ville moderne n’est pas facile assimiler. Comment imaginer la disparition de New York quand elle se dresse, titanesque, devant nous ? Les événements de septembre 2001 nous ont montré ce dont les hommes sont capables, avec leurs explosifs, mais qu’en est-il de processus aussi rudimentaires que l’érosion ou la pourriture ? L’effondrement brutal des tours jumelles nous conduisit nous interroger sur les terroristes plutôt que sur les points faibles qui pourraient condamner notre infrastructure tout entière. Et encore cette catastrophe, jusqu’alors inconcevable, se limita-t-elle quelques bâtiments. Cependant, la nature pourrait bien mettre moins de temps que nous ne l’imaginons se débarrasser des créations des urbanistes. [...]

La ville a beau avoir enseveli ses rivières, [le docteur Eric] Sanderson nous fait remarquer que « la pluie tombe quand même. Il faut bien qu’elle aille quelque part ». De fait, c’est là que la nature percera l’armure de Manhattan, si elle décide de la démanteler. Les effets se feront sentir sitôt le premier coup porté au point le plus vulnérable de la ville : ses entrailles. Paul Schuber et Peter Briffa, respectivement chef du Département hydraulique et surveillant du Service de réaction d’urgence hydraulique du New York City Transit 1, comprennent fort bien comment les choses se passeraient. Chaque jour, ils ont pour tâche d’empêcher 50 millions de litres d’eau d’envahir le métro newyorkais. « Et encore, ce ne sont que les eaux déjà souterraines », précise Schuber.

« Quand il pleut, ça devient… » ajoute Briffa, impuissant. « C’est incommensurable. » Incommensurable, pas forcément. Mais les précipitations ne sont pas moins importantes aujourd’hui qu’avant la construction de la ville. Autrefois, Manhattan se composait de 70 kilomètres carrés d’un terrain poreux traversé de racines vivantes qui redistribuaient les 120 centimètres de précipitations annuelles dans les arbres et les herbes des prés. Les végétaux buvaient ainsi tout leur soûl et rejetaient le reste dans l’atmosphère. Quant à ce que les racines n’absorbaient pas, il finissait dans la nappe phréatique de l’île. En certains endroits, ces eaux refaisaient surface, dans les lacs et les marais, l’excédent rejoignant la mer par les fameux quarante ruisseaux – désormais ensevelis sous le béton et l’asphalte.

Aujourd’hui, comme il ne reste pas assez de sol pour absorber les précipitations, ou de végétation pour les « transpirer », et comme les immeubles empêchent le soleil de les évaporer, les eaux de pluie forment des flaques qui ruissellent jusqu’aux égouts – ou aux bouches d’aération, s’ajoutant aux eaux déjà présentes. Ainsi, sous la 131e Rue et Lenox Avenue, une rivière souterraine corrode le fond des lignes de métro A, B, C et D. Sans relâche, des hommes vêtus de gilets réfléchissants arpentent les entrailles de la ville pour lutter contre la montée de la nappe phréatique new-yorkaise.

Chaque fois que les précipitations sont importantes, les égouts s’encombrent de débris – le nombre de sacs plastique qui volent libres dans les villes du monde entier, voilà qui est proprement incommensurable – et l’eau, qui doit bien s’évacuer quelque part, s’engouffre dans la première bouche de métro venue. Pour peu que le vent soit au nord-est, l’océan Atlantique vient tamponner la nappe phréatique au point, dans des endroits comme Water Street (bas de Manhattan) ou le Yankee Stadium (Bronx), de refouler dans les tunnels, paralysant le trafic jusqu’à ce qu’elle se soit retirée.

Si l’océan devait continuer de se réchauffer, et son niveau d’augmenter plus que des quelques centimètres par décennie actuels, il viendra un moment ou` il ne se retirera plus. Ce qu’il adviendra alors, Schuber et Briffa n’en ont pas la moindre idée. Ajoutez à cela toutes les conduites d’eau datant des années 1930 qui éclatent régulièrement, et vous comprendrez que la seule chose qui sauve New York de la crue, c’est la vigilance du personnel du métro, et l’action de 753 pompes. Ces pompes, justement : le métro de New York, merveille d’ingénierie en 1903, fut creusé sous une ville déjà existante mais alors en pleine croissance. Comme la Grosse Pomme disposait déjà d’un système d’égouts à l’époque, le métro a dû être construit en dessous. « Du coup, explique Schuber, nous devons pomper d’une grande hauteur. »

New York n’est pas seule dans cette situation : les métros de Londres, Moscou et Washington sont situés à une plus grande profondeur encore, au point de pouvoir faire office d’abri antiaérien. C’est là une source potentielle de malheur. S’abritant les yeux sous son casque blanc, Schuber plonge son regard au fond d’un trou carré creusé sous la station Van Siclen Avenue à Brooklyn où 2 460 litres d’eau jaillissent à chaque minute du soubassement. D’un geste de la main, il nous montre quatre pompes, de l’autre côté de la cascade, qui se relaient dans leur lutte contre la gravité. Ces pompes fonctionnent à l’électricité. En cas de coupure, la situation se complique rapidement.

Dans la foulée des attaques du onze septembre, un jeu de pompes équipées d’un groupe électrogène pompa l’équivalent de vingt-sept stades de football. Si l’Hudson s’était engouffrée dans les tunnels ferroviaires reliant le métro new-yorkais au New Jersey, comme cela faillit être le cas, ces pompes – et l’essentiel de la ville – auraient été submergées. La ville désertée, personne, ni Paul Schuber ni Peter Briffa ni personne d’autre, ne courra d’une station engloutie à une autre dès que les précipitations dépasseront les 5 centimètres – ce qui se produit de plus en plus souvent -, pour tirer un tuyau dans la rue et évacuer les eaux sur le macadam, ou pour explorer les tunnels en bateau pneumatique. Mais qui dit ville désertée dit aussi pas d’électricité. Les pompes s’arrêteront et ne redémarreront pas.
« Sans pompes, conclut Schuber, les trains sont bloqués par le niveau d’eau en une demi-heure. » Briffa retire ses lunettes de protection et se frotte les yeux : « Une crue dans un secteur repoussera l’eau dans les autres. Le complexe pourrait se remplir en moins de trente-six heures. » Quand bien même il ne pleuvrait pas, si les pompes ne fonctionnent pas, cela ne prendra pas plus de quelques jours, d’après eux. L’eau commencera alors à lessiver le sol sous la chaussée. Bientôt, les rues se fissureront. Les égouts bouchés, de nouveaux cours d’eau se forment en surface. D’autres se font jour dès que les plafonds du métro engorgé cèdent. Les colonnes d’acier qui soutiennent la chaussée au-dessus des lignes 4-5-6 de l’East Side ne résistent pas vingt ans à l’action de l’eau. Lexington Avenue s’affaisse et devient une rivière.

Le livre peut être commandé ICI

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